Le "scrapjobbing" ou l'autre façon d'accomoder son job à sa façon.

Nombreux sont celles et ceux qui rêvent de changer de boulot par ennui, par lassitude, par démotivation, manque de reconnaissance ou absence de marges de manœuvres suffisantes. Mais avant de tout plaquer, il suffit parfois de modifier sa façon de considérer son travail. Et en particulier, en saisissant toutes les opportunités qui sont souvent négligées à tort! 

 

Littéralement scrapJobbing,  que je plagie du terme scrapbooking, signifie bricoler son boulot avec ce qui reste: 

  • Ce qui reste :  c'est toutes les marges de manoeuvre inexplorées et qu'on oublie souvent de voir;
  • Ce qui reste :  c'est tous les non-dits qui vont beaucoup mieux en le disant;
  • Ce qui reste encore :  ce sont toutes les petites sources de plaisir et souvent d'estime de soi dont on ne pense pas à profiter;
  • Ce qui reste enfin, ce sont toutes les ressources offertes par l'entreprise ou les institutions professionnelles pour gagner en confiance et en épanouissement dans son travail. 

 

Explorer son job pour s’approprier toutes les marges de liberté dont on dispose.

 

Vous saturez de vous sentir infantiliser dans votre boulot. Tout ce que vous faites vous semble trop cadré. L’impression que vos initiatives sont sans cesse bridées. Et même sans aller jusque-là, vous avez juste la pénible sensation de porter sur votre dos des contraintes qui ne sont pas les vôtres et qui viennent polluer en permanence votre plaisir de travailler.

 

 Il n’y a bien sûr pas de méthodes infaillibles pour s’en libérer. Encore moins de baguettes magiques. Mais il y a toujours des marges de manœuvre qu’on ne voit plus, qu’on a oublié ou qu’on s’interdit d’utiliser. 

 

Je pense en particulier à toutes ces petites choses, ces petits « restes »  qu’on peut grappiller pour retrouver un peu de souffle :  

  • demander à modifier ses horaires (ou simplement s’autoriser à ne pas rester au delà de ses horaires et à prendre sa journée courte) pour avoir le temps de conduire ses enfants le matin, de faire de la piscine ou simplement choisir de rentrer plus tôt le soir ; il y a bien sûr des univers professionnels où cela n’est pas possible ; mais dans beaucoup de situations il suffit d’essayer pour se rendre compte que c’est possible.
  • mieux : choisir de demander un temps partiel, ne serait-ce qu’un 90% ; mesdames vous serez « avantagées » car on pré-jugera probablement que c’est pour vous occuper de vos enfants (et ce, quelles que soient les raisons pour lesquelles vous le faites) et vous en serez (hélas, mais pour une fois vous en profiterez) quittes pour quelques remarques;  mais messieurs, assumer un 90% sera souvent plus difficile. Il vous ferait pourtant le plus grand bien aussi, et en particulier pour votre équilibre personnel et familial!
  • autrement : demander à bénéficier d’une ou deux journées de télétravail par semaine. Vous récupérerez toute l’énergie dépensée inutilement dans les déplacements. Mais surtout vous pourrez retrouver un second souffle en matière d’autonomie. Personne pour surveiller en permanence ce que vous faites. Libre de faire une pause à 15h mais de bosser à 22h. Sans compter le gain en productivité pour les dossiers sur lesquels vous avez besoin de vous concentrer : la vie avec vos collègues est enrichissante et indispensable à un bon équilibre relationnel mais ne pas être interrompu en permanence dans ses tâches, travailler dans le calme de son bureau personnel (sans casque sur les oreilles pour tenter d’échapper à l’open space) redonne un dynamisme incomparable. 

 

Identifier tous les irritants pour les prendre à bras le corps

 

Dans la vie professionnelle, on subit toutes sortes d’irritants qu’on ne voit même plus. Pourtant ils contribuent à peser sur notre charge mentale et à nous vider de tout entrain : 

Que ce soit le collègue qui ne porte pas son casque et fait ses téléconférences comme s’il était seul dans l’open space; 

celui qui étale ses affaires de piscine dont l’odeur de chien mouillé envahit votre espace olfactif ;  

votre patron qui oublie de prendre le temps de faire des points réguliers avec vous mais vient de manière intempestive traiter les dossier importants entre deux portes dans le couloir ; 

les collègues qui prennent leur pause-café au bout de l’open-space sans penser à ceux qui ont besoin de se concentrer ou d’entendre leur téléconférence en cours ;  

ou encore les dossiers « pourris » dont vous héritez systématiquement parce que vous êtes celui/celle qui ne sait pas dire non ;

le bureau le plus mal placé dans l'open-space où vous êtes installé.e parce que vous être arrivé.e en dernier dans l’équipe ; 

le smartphone professionnel 6 pouces alors que vous commencez à être presbyte et que vous auriez besoin d’une tablette ou au moins d’un 8 pouces;

les réunions sans ordre du jour où vous perdez une heure pour 10 minutes de présence utile…

La liste pourrait continuer pendant des pages …


Ce qu’on oublie face à tous ces petits enquiquinements du quotidien professionnel, c’est qu’il suffit généralement de dire, pour que les choses s’améliorent sensiblement. Bien sûr, il faut apprendre à le faire sans être dans l’agressivité et si possible sans aller non plus sur le registre de la revendication. Lorsque cela fait longtemps qu’on subit quelque chose, cela peut être le piège. Il est important de réfléchir à la façon de dire les choses, calmement, factuellement. Voire, quand cela est possible, avec une touche d’humour. Cela ne marchera sans doute pas à 100%. Mais vous noterez que cela contribuera nettement à améliorer votre confort psychique. Souvent, ce qu’on subit n’est absolument pas perceptible pour les autres. Ils n’ont pas la même sensibilité, ne sont pas dérangés par les mêmes choses, ne pensent pas que vous pouvez avoir des problèmes de vue quand eux-mêmes n’ont que 30 ans, ni que vous aimeriez mieux être au fond du plateau plutôt qu'à l'entrée et encore moins que vous aimeriez faire des points confortablement installé.e sur une table plutôt que debout dans le couloir... En en parlant simplement, il est généralement possible de résoudre le problème et au moins de négocier un compromis supportable par chacun.

 

Profiter de toutes les sources de plaisir à portée de main, pour regonfler son estime personnelle

 

Certains sont plus doués que d’autres mais lancer l’habitude de prendre un petit déjeuner en équipe le lundi matin, organiser un repas d’équipe régulièrement, ou juste ramener des spécialités à partager entre collègues lorsqu’on voyage, participent de ces petits plaisirs. Quand on passe toute la journée avec ses collègues, s'autoriser à ne pas aller tous les jours à la cantine et à prendre le temps de marcher entre midi et deux, peut aussi permettre de se ressourcer voire de trouver du plaisir à rêvasser pour soi-même. A chacun de trouver ses petits trucs: piscine, shopping, déjeuner entre amis qui bossent dans le coin, et pourquoi pas, musée, expo... une fois par semaine ou une fois par mois.. autant de petites aérations essentielles à son bien-être..

Mais surtout, il faut apprendre à s'auto-féliciter lorsqu'on a terminé un dossier ou effectué une tâche particulièrement difficile ou importante. Il est essentiel de s'accorder des moments où on prend le temps de faire le point sur ce qu'on a accompli et où on s'autorise à se récompenser : 

-manger un carré de chocolat pour fêter ça, finir plus tôt ce jour là, allez prendre un pot après le travail avec ses collègues, regarder un Tedx sur un sujet qui nous intéresse. 

 

Certains trouvent un réel plaisir à tenir un cahier dans lequel ils notent tous les jours, les 3 principaux plaisirs de la journée. Personnellement ce truc là m'enquiquine et ne fonctionne pas. Mais pour ceux à qui cela parle, cela peut être une bonne façon de porter plus d'attention aux choses positives et  de les valoriser. Cela peut même être un plaisir en soi si on prend la peine d'y consacrer du temps en dessinant ou en décorant ce carnet avec des collages par exemple. 

En ce qui me concerne, je préfère la méditation. Se poser, laisser les idées se bousculer puis se dissiper. Prendre un moment pour se sentir présent en conscience et en retirer de la gratitude.

Plus anecdotique mais assez efficace, on peut aussi réfléchir à la façon de transformer son environnement de travail de façon à s'y sentir mieux: photos, bougie parfumée, fleurs ou une jolie maquette par exemple. 

Autres pistes à creuser :

lorsqu'on aime dessiner ou peindre, se former/ s'entraîner à la facilitation graphique pour apporter une touche de créativité à ses notes personnelles dans un premier temps, puis à ses présentations. Lorsqu'on aime se tenir informer ou qu'on est passionné de nouvelles technologies, faire de la veille pour soi voire proposer une newsletter professionnelle sur le sujet.

Lorsqu'on fait du théâtre, mettre en scène ses présentations.

Lorsqu'on aime partager son savoir faire, chercher les opportunités de faire de la formation auprès des nouveaux embauchés etc...

Autrement dit, chercher à introduire dans son quotidien professionnel une petite part de ce qui nous motive dans notre vie personnelle. Là non plus, pas de recette miracle mais qui ne tente pas...

 

 

Profiter des ressources institutionnelles pour sortir de son job, s’ouvrir à d’autres entreprises, travailler en réseau

 

Travailler en entreprise expose à toute sorte d’opportunités que beaucoup oublient d’explorer. Faute de temps, on refuse de participer à la conférence du service d’à-coté. Par soucis de productivité, on refuse un repas au restaurant avec nos collègues. Par crainte d’être absent quelques jours, on s’interdit de suivre une formation. On loupe les pots de départ ou les petits déjeuners des RH pour terminer un dossier. On n’imagine même pas qu’il existe des réseaux, en interne ou en dehors, auxquels on pourrait participer pour rencontrer de nouvelles personnes, enrichir sa connaissance de ce qui se passe ailleurs, s’ouvrir sur d’autres façons de procéder. Quant a utiliser son Compte personnel de formation (CPF), n'en parlons pas ! Pas plus que la possibilité de prendre des "congés engagement" dans de nombreuses entreprises et d'obtenir des autorisations d'absence pour se consacrer à des engagements associatifs!  ... 

Pourtant, ces opportunités sont autant de façon de s'aérer dans son travail. C'est une façon de rencontrer des personnes nouvelles, d'enrichir son réseau et de découvrir de nouvelles opportunités. Ce sont autant de sas pour se remotiver dans son job principal, pour construire de nouvelles façons de travailler et renouveler son intérêt pour les dossiers à traiter. Il suffit souvent d'en parler autour de soi, de farfouiller dans l'intranet, de discuter avec les RH pour découvrir tout un champ de possibles qu'on ne soupçonnait pas...

 

Trouver sa solution en ce concentrant sur ses besoins personnels 

 

En se concentrant sur ce dont il a vraiment envie, chacun peut trouver des solutions à sa mesure. Vous l'aurez compris, il n'existe pas une réponse unique mais une multitude de possibilités à personnaliser. Sans oublier non plus qu'il existe une vie après le boulot et que ce qui nous manque dans le contexte professionnel peut tout à fait trouver à s'exprimer en dehors. Au total c'est en partant surtout de vos besoins essentiels, de ce qui compte vraiment pour vous et de ce qui est important pour votre équilibre personnel, que vous pouvez prendre conscience des domaines que vous gagnerez à alimenter dans votre travail ou en dehors, pour vous sentir pleinement en accord avec vous-même, vous enrichir et éviter la routine. 

 

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