
Deux seaux s’en allaient
sur le dos d’une vielle femme
Voyages quotidiens
De la maison au puit
Mais l’un deux percé
Fuyait sur le chemin
Forçant la femme à retourner
Puiser de l’eau au puit
Pour ses légumes assoiffés
Ou laver sa maisonnée
Le plus beau des deux seaux
Celui qui revenait plein
Celui qui accomplissait toujours
Son travail sans faillir
Regardait de haut
Son compère défaillant
Lui reprochant sans cesse
D’obliger sa maîtresse
chaque jour
A venir et lentement revenir
Un jour n’en pouvant plus de honte
Le seau percé tout penaud
S’adressa à la femme
« Pardonne-moi oh maîtresse
Pour toute la peine que je te donne!
Je mérite tant de blâmes
Moi qui laisse se perdre cette eau et la renverse !
Tu es bien trop bonne
Avec moi qui mériterait plutôt
D’etre jeté à la fonte! »
Avec un grand sourire la femme lui repondit:
« Ton tourment prend tant de place
Que tu oublies
de regarder le chemin que tu traces!
Sais tu vraiment pourquoi
Je retourne chaque jour au puit
Et que je ralentis le pas? »
« L’eau qui se déverse
Est celle qui nourrit la terre
Il y a tant de fleurs
de ton côté du chemin
Que j’aime chaque matin
Refaire la route pour cueillir
Des brassées de senteurs.
Cela n’a pas de valeur
Mais m’apporte tant de sourires!
Que seraient donc ma maison nettoyée
Ou mon jardin abreuvé
Si je n’y mettais aucune couleur?
C’est bien cette eau que tu perds
Qui contient à mes yeux, le plus de richesse! »
Texte inspiré d’une fable traditionnelle