Nous avons tous un «faux self »
Certaines personnes, que ce soit des dirigeant.e.s ou des mères/pères de famille et même des coach.e.s, ont construit une personnalité dite en « faux self ». Qu’est ce qui cela signifie ?
Pas facile de définir ce qu’est une personnalité en faux self (faux soi) en quelques mots. C’est Winnicott, qui le premier, a décrit ce dont il s’agissait:
—> au fur et à mesure que le petit enfant se détache des figures parentales, il doit apprendre à s’adapter à son environnement. Loin de
tout sens péjoratif, le faux self est donc tout à fait normal car c’est ce qui lui permet de tenir compte de son environnement.
Il se construit en même temps que le self (le soi). Et ils sont l'un et l'autre, tout aussi
essentiels au développement de la personne …
…. à condition néanmoins que leur cohabitation soit équilibrée.
Tout devient en effet beaucoup plus compliqué quand le faux self se met à prendre trop de place et que la sur-adaptation ( aux parents, à l’école, à l’entreprise…) commence à se faire au détriment du ( vrai) soi.
Un faux self qui prend trop de place
Souvent on retrouve dans l’anamnèse de la personne dont le faux self prédomine, un petit enfant qui a été trop sage, trop poli, trop brillant…. Par amour le plus souvent, puis pour être reconnu,
il n’a eu de cesse de répondre aux exigences de son entourage: à la maison et en famille mais aussi à l'école et souvent dans l'entreprise
ensuite...
En tant que coach, même lorsqu’on accompagne des personnes dont le faux self est
trop encombrant, nous n’allons que rarement explorer ces histoires d’enfance. Néanmoins lorsque nous recevons ce type de personnes, les sensations qui nous animent peuvent
parfois être curieuses et nous interpeller en nous donnant des indications précieuses:
Personnellement, j’ai une petite musique bien caractéristique qui s’installe et résonne à chaque fois que j’ai du mal à me connecter à mes
ressentis . Comme si je devais faire un effort inhabituel pour me concentrer sur la séance. Comme si, prise par une sorte de reflet systémique, je me mettais un peu à «jouer à la coache ou
à la superviseure », en me conformant à je ne sais quel modèle imaginaire ( ou plutôt si je sais… mais ce n’est pas le sujet ici 😉) …. comme si je me sur-adaptais moi aussi et que
cela dissonait avec mon attitude professionnelle et ma posture habituelle ...
Dans ces moments là, quand ce type de reflet systémique s’invite en séance, en tant que coache ou superviseure, a fortiori en tant que praticienne narrative, mon but n’est jamais de faire un
diagnostic pour en tirer un protocole de travail qui sous-entendrait que je pourrais « savoir à la place de la personne » ce qu’il lui faut. Non! cette petite musique me pousse surtout
à redoubler de concentration pour être à l'affut, encore plus que d'habitude, de toutes les traces de cet autre self... le « vrai », celui qui a été négligé, oublié, délaissé
dans l’histoire de la personne que j’accompagne...
Au début, ces traces là sont souvent extrêmement ténues… elles se dérobent… il faut chercher pour les dénicher…et lutter pour ne pas
se laisser embarquer par l’histoire du faux-self qui sait si bien s’adapter, nous séduire et nous endormir pour mieux enfouir la véritable identité de la personne! …
Heureusement, il y a toujours des ( fines) traces de l’autre histoire… celle qui n’a pas pu émerger au grand jour mais qui est pourtant celle qui porte tous les rêves et les espoirs de
la personne qu’on accompagne.. cette histoire là, faite de tout petit rien, est souvent belle et émouvante…
Et j’aime ce métier qui consiste à les débusquer , permettre à la personne d’en prendre conscience et de se les réapproprier pour mieux retrouver son identité préférée !
Bibliographie
Jeu et réalité de Winnicott, edition de poche.
Me contacter
Gaëlle Le Buzullier
Coache et superviseure certifiée ESQA
Praticienne narrative (titulaire FFPN)
Diomede.coaching@outlook.fr
www.labdecoachs.fr
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