La réalité dans l'approche systémique : Watzlavick, Berger et Luckman

La réalité de la réalité Watzlavick - La construction sociale de la réalité , Berger et Luckman
seuil, 1978 pour la traduction française , 1976 pour l’original, collection essai Point

 « il n’existe pas de réalité absolue mais seulement des conceptions subjectives et souvent contradictoires de la réalité» 

(La realité de la réalité, p137).

 

Réalité de premier ordre et réalité de second ordre

 Pour Watzlavick, il y a deux types de réalités: 

- La « réalité de premier ordre » qui peut être qualifiée de factuelle ou d’objective. Et surtout, qui ne contient ni valeur ni signification ;

- La réalité de « second ordre », qui, a contrario, est fortement influencée par les valeurs et le sens qui lui sont attribuées.

 De nombreuses expérimentations montrent en effet comment chacun reconstruit sa propre réalité à partir de ses filtres, de ses cadres de référence et donc de façon totalement subjective.

 

Le principe d'homéostasie

Pionnier de l'approche systémique, Paul Watzlavick considère que les personnes fonctionnent comme un système. Il illustre tout au long de son ouvrage comment le principe d'homéostasie influence de façon subjective la façon dont chacun perçoit la réalité.  Face à un événement, chaque personne  va avoir prioritairement tendance à réagir en cherchant à maintenir la stabilité et à la cohérence de son propre système interne et à maintenir son écologie personnelle

Face à une incohérence ou un événement perturbant chacun lancera « une recherche immédiate de la signification afin de diminuer l’angoisse inhérente à toute situation incertaine »(P35). Autrement dit, pour Watzlavick, non seulement la réalité apparaît comme une notion subjective et relative, mais elle est largement construite et influencée de façon inconsciente.

 

 Socialisation primaire et socialisation secondaire

 Pré-existant à l’ouvrage de Watzlawick , le travail de Berger et Luckman* décrit également comment chacun utilise des schémas de pensées pré-construits pour se construire sa propre vision du monde. Ils les nomment des «typifications » .

  Pour eux, l’activité de l’homme s’appuie sur des « rôles » (p101) pré-existants qu’ils appellent aussi des « routines » : « les actions habituelles (…) conservent leur sens pour l’individu bien que les significations mises en jeu s’enfoncent (…) dans la routine à l’intérieur de son stock général de connaissances, devenant pré-données à ses yeux et disponibles dans le cadre de ses projets futurs . » (p77). Très proches des différents niveaux de réalité exposés par Watzlawick, ils parlent eux de  socialisation primaire et secondaire (p177 et seq). 

Ils complètent enfin ces deux niveaux par celui «d’intériorisation» , pour affirmer que c’est l’interaction entre ces trois niveaux d’appréhension de la réalité qui construisent la socialisation de chacun et les « filtres » avec il construira sa propre réalité. 

 

Ce que Watzlavick apporte au coaching

 Le coach a par définition une position extérieur de la réalité du client. C'est ce qu'on appelle l’extériorité cognitive. 

—> Réfléchir en terme de système, va nous amener à: 

  1. repérer les mécanismes qui sont à l’œuvre dans l’interprétation de la réalité que le client se fait pour lui-même. A noter que ces mécanismes auront d’ailleurs tendance à se rejouer dans le «système » formé par le coach et son client; ce qu’on appelle les «reflets systémiques » pourront alors être utilisés par le coach comme des indications précieuses. 
  2. lui permettre  d'en prendre conscience: on pourra, par exemple, travailler sur la façon dont son cadre de référence, le contexte dans lequel il evolue ont des conséquences sur ce qu’il ressent. C’est par exemple ce à quoi nous invitera la « carte de prise de position » développée par M. White (fondateur de l’approche narrative).
  3. l'accompagner pour lui permettre de les déconstruire afin de pouvoir s'engager dans une reconstruction choisie et non plus subie. Là encore, on retrouvera par exemple, une démarche de ce type dans le travail de «reauthoring » que proposent les praticiens narratifs.

 

Respecter l'écologie de son client

En décrivant la situation du narrateur de «Flatland » Watzlavick nous rappelle qu’il est vain voire dangereux de chercher à transformer la vision du monde de ses congénères: son personnage est d’ailleurs conduit en prison. Cette histoire peut donc être lue comme une métaphore de la résistance voire de la réactance qui peut advenir en séance quand un accompagnant se met en position haute. 

En tant que coach, cette histoire métaphorique nous invite également à travailler sur nous et notre posture dans l’espoir d’atteindre  « un haut degré de maturité et de tolérance envers les autres pour vivre avec une vérité relative, avec des questions auxquelles il n’est pas de réponses, (avec) la certitude qu’on ne sait rien et les incertitudes résultant des paradoxes.» p211



*  La construction sociale de la réalité, Librairie des méridiens, Klincksieck et Cie, 1966, 1986 2e édition



Me contacter 

Gaëlle Le Buzullier 

Coache et superviseure certifiée ESQA

Praticienne narrative (titulaire FFPN)

Diomede.coaching@outlook.fr

www.labdecoachs.fr

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